Lettre adressée à la mairie d'Arzon par "les Amis du Parc du Fogeo" - 2 août 2011
(courrier postal en RAR)


Les Amis du Parc du Fogeo affichent leur opposition à l'abattage de la quasi-totalité des arbres du parc du Fogeo.

Les Amis du Parc du Fogeo
fogeo@free.fr
http://fogeo.free.fr
Mairie d'Arzon
19 Rue Poste, 56640 Arzon
à l'attention de Monsieur le Maire
copie Laurent Labeyrie (mail)

Monsieur le Maire,

C'est en tant que représentants des "Amis du Parc du Fogeo" (http://fogeo.free.fr), collectif de défense du parc du Fogeo, que nous nous adressons à vous aujourd'hui, à l'approche du début des grands travaux de réaménagement.
Nous avons examiné avec beaucoup d'attention les documents publiés par la Mairie, nous avons assisté aux réunions d'information organisées par M. Labeyrie, nous avons également étudié l'appel d'offre relatif aux travaux de la phase I, et nous avons pu nous entretenir du projet avec M. Labeyrie qui a accepté de répondre à nos questions et de nous communiquer les conclusions des différentes études techniques sous-tendant le projet.

La phase I du projet fait suite à la phase 0 (agrandissement du parking) dont, pensons-nous, personne ne souhaite voir renouvelés les errements :
- absence quasi-totale de concertation avec les riverains,
- agrandissement du parking en mordant sur un EBC,
- défrichement de la zone EBC située au nord-est du parking
- coupe rase du petit bois d'ormes de Lenn Vihan, alors également en zone EBC,
- abattage d'un vieux cyprès remarquable, probablement plus que centenaire, également localisé dans l'ex-EBC,
- plantation au nord du parking d'une barrière végétale inadaptée aussi bien dans le choix des espèces (non conformes au règlement du POS qui préconise l'implantation d'espèces indigènes, que ne sont pas les viornes de Chine, chèvrefeuilles japonais, spirées du Japon et autres mimosas de Constantinople) que dans leurs dimensions (à l'endroit le plus proche des habitations, ont été plantées des espèces qui n'ont aucune chance de constituer jamais une réelle séparation : des spirées bleues et des plans de 50 cm d'arbousiers nains dont on connait la taille modeste et l'extrême lenteur de développement),
- non prise en compte des bonnes pratiques de développement durable (imperméabilisation d'une vaste zone par bitumage, pollution lumineuse par un éclairage disproportionné...).

Pour la suite du projet de réaménagement, nous nous réjouissons des améliorations prévues pour le parc, notamment au niveau de la qualité des eaux circulant dans les noues et l'étang, de la prise en compte des risques de submersion, et du rajeunissement des équipements de loisir.

Pour la phase I, nous avons néanmoins signalé à Laurent Labeyrie un certain nombre de points d'attention qu'il conviendrait d'étudier plus avant (incompatibilité du projet avec le règlement du POS en vigueur, absence d'étude sur l'impact de l'arrêt prévu du pompage d'eau de l'étang vers l'océan, inopérance probable des filtres bio-épurateurs suite aux modifications apportées au projet du cabinet Reeb, risque de pollution de la nappe phréatique du fait de la captation d'eau douce sous le cône salé et à proximité de canalisations d'évacuation d'eaux usées,...).
Mais il reste un point qui rend le projet à nos yeux inacceptable en l'état : l'abattage de plusieurs centaines d'arbres, pour la plupart trentenaires, pour n'en conserver que... 20, comme décrit dans l'appel d'offre (même si Laurent Labeyrie nous a indiqué oralement que le nombre d'arbres à abattre n'était pas encore arrêté définitivement).
L'espace boisé, que la précédente municipalité, dont vous faisiez partie, avait eu la sagesse de classer en EBC, est selon nous le principal attrait du parc. C'est en outre un important réservoir à biodiversité qui héberge notamment quelques espèces animales protégées (chauves-souris, écureuils roux, tritons palmés, grenouilles agiles, piverts...) qui risquent de faire les frais du projet. Le fait que le PLU ait été invalidé ne retire rien à son intérêt en tant qu'espace boisé.

Aucune des raisons multiples et changeantes qui ont été présentées pour justifier ce "massacre à la tronçonneuse" ne nous semble recevable (certaines étant simplement erronées) face à la perte que constituerait ce déboisement massif, d'un point de vue tant paysager qu'écologique. Nous serions très surpris que le ministère concerné accorde son autorisation à ce programme de défrichement (autorisation requise dans le cadre de l'article L 312-1 du code forestier).
Il nous semble d'ailleurs tout à fait possible de conduire les grandes lignes du projet (évasement des noues, création d'une mare d'eau douce, circulation d'eau, filtres bioépurateurs...) en limitant l'abattage aux seuls robiniers faux-acacias qui semblent faire l'unanimité (sauf nous) contre eux. Le projet initial du cabinet Chauvaud ne prévoyait d'ailleurs pas d'arrachage d'arbre.

En espérant que notre cri d'alarme sera entendu, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Maire, nos salutations distinguées,
D'avance merci de vos réponses,

Cordialement,
Pour les Amis du Parc du Fogeo, le 02/08/2011,




Pourquoi faut-il abattre les arbres du Fogeo :


- les peupliers blancs sont malades : un simple examen visuel semble démentir cette affirmation qui ne parait pas étayée par une expertise sanitaire.

- les peupliers blancs sont une espèce importée : le peuplier blanc est originaire de l'ouest de l'Europe et particulièrement bien adapté aux zones humides, avec une bonne résistance aux atmosphères marines. Il contribue efficacement au drainage des terrains humides du parc du Fogeo.

- les pins sont malades : en plusieurs années d'observation des champignons du parc, nous n'y avons jamais observé de carpophores d'armillaires (qui parasitent les pins du Kerver).
Les branches inférieures des pins sont certes dégarnies, mais cela ne présente aucun caractère anormal pour des arbres de cet âge.

- les ormes sont malades : sur les photos du bois avant coupe rase, les ormes ne semblent pas malades (contrairement à certains de ceux qui sont encore sur pied dans les environs).
Pas trace non plus de graphiose sur les souches après coupe. Et puis repousse vigoureuse de rejets au pied des arbres abattus. Le fait de disposer d'ormes encore exempts de graphiose est précieux et il conviendrait de les maintenir par souci de biodiversité.

- les pins et les peupliers limitent la biodiversité au sol : les pins et de peupliers sont assez dispersés dans le parc et ne peuvent être tenus pour responsables d'une éventuelle stérilisation du sol. Au contraire, chacun d'entre eux apporte ses caractéristiques propres et donc augmente la biodiversité (exemple des champignons sous les pins). Sans oublier la biodiversité dans les branches, notamment oiseaux, chauves-souris et écureuils ! On ne va pas augmenter la biodiversité en éradiquant des espèces non invasives !

- les robiniers faux-acacias sont dangereux : certes les robiniers portent de grosses épines, mais on sait que le tronc des arbres adultes est complètement lisse et qu'il suffit d'un entretien régulier pour en éviter les désagréments (élagage des branches cassées, suppression des rejets). Ces arbres au feuillage particulièrement élégant sont d'ailleurs très fréquemment utilisés dans les parcs et jardins (les plus vieux arbres parisiens sont des robiniers). Aucune réglementation ne recommande d'éradiquer les robinier pour cause de danger.
Et alors pourquoi replanter d'autres épineux comme les ajoncs, les aubépiniers, les églantiers, les houx, les fragons, pourquoi planter des plantes aux baies toxiques comme des Lonicera japonica (chèvrefeuilles japonais) ou des houx ?

- les saules font de l'ombre sur les noues et limitent la croissance des plantes semi-aquatiques : quoi de plus naturel qu'un saule au bord d'une rivière ou d'une pièce d'eau ? Et puis, les saules sont connus pour leur forte capacité bio-épuratrice.
En outre, la fonction de bio-épuration est prévue dans le projet au niveau de petits "filtres bioépurateurs" situés en amont des noues et non sous les arbres. Les plantes semi-aquatiques qu'il est envisagé de planter dans les noues elles-mêmes n'ont qu'un rôle décoratif.

- les saules laissent tomber des feuilles dans les noues : tous les arbres ont ce "défaut" de perdre leurs feuilles (ou aiguilles), et, même si un arbre est situé à plusieurs mètres des noues, ses feuilles poussées par le vent ne manquerons pas de venir s'y accumuler.

- le vieux cyprès récemment abattu était "malade à coeur" : l'examen de la souche laissée en place montre néanmoins un bois en apparence extrêmement dur et sain.

La seule raison qui nous semble plausible pour justifier l'abattage de centaines d'arbres, c'est le fait que certains riverains réclament depuis longtemps de retrouver la vue sur mer cachée par les arbres. Mais nous comprenons que cela n'entre pas en ligne de compte...