Les gambusies du Fogeo



Fin juin 2013, les noues et l'étang d'eau douce du parc du Fogeo ont été empoissonnés avec des gambusies.
L'objectif affiché est de limiter de manière "naturelle" le développement des moustiques dans les zones humides. Le projet initial d'empoissonner avec des gardons a été remplacé par les gambusies.

L'efficacité anti-moustique de la gambusie semble avérée (même si elle est parfois contestée) : sa petite taille, sa vivacité et sa voracité lui permettent de pourchasser sa proie favorite (la larve de moustique) dans les moindres recoins et même dans quelques centimètres d'eau. Sa résistance à des conditions difficiles (eau peu oxygénée, saumâtre, voire polluée) et la reproduction rapide lui permettent de prendre rapidement possession d'un plan d'eau.

Le caractère "écologique" de l'opération est beaucoup plus discutable. L'animal a été importé des Etats-Unis vers 1930 et se développe dans les zones cotières du sud et de l'ouest de la France (il a besoin d'une eau assez chaude pour se reproduire). Il est considéré par certains (dont l'ODEM, Observatoire national De l'Environnement du Morbihan, le groupe de travail national sur les invasions biologiques en milieu aquatique (GT IBMA) et l'observatoire de la biodiversité et du patrimoine naturel en Bretagne) comme invasif.
Si certains jugent qu'il a peu d'impact sur l'environnement ou bien ne se prononcent pas (selon l'INPN, Inventaire National du Patrimoine Naturel, "l'impact de la Gambusie sur ses écosystèmes d'accueil n'a pas fait l'objet de travaux spécifiques"), ses détracteurs le voient comme un redoutable prédateur capable de supplanter la faune indigène en dévorant les insectes aquatiques, les oeufs et alevins de poissons ainsi que les tétards de batraciens (cliquez).
Le département des milieux et peuplements aquatiques du Muséum National d'Histoire Naturelle mentionne même que "paradoxalement, le régime alimentaire des populations de gambusies françaises est composé, d'octobre à mai, principalement de crustacés, et de juin à septembre, d'insectes aquatiques à l'exclusion de larves de moustiques"... (cliquez). Autrement dit, que les gambusies françaises ne mangeraient pas de larves de moustiques !
L'OMS déconseillerait son utilisation dans le controle du paludisme depuis 1982, le jugeant inefficace comme agent anti-moustique (cliquez).

Les avis sont donc très partagés sur le sujet. L'introduction de la gambusie est chaudement recommandée par certains, vivement déconseillée par d'autres. L'avenir nous dira si la gambusie est efficace au Fogeo...



La gambusie (Mosquitofish, Gambusia affinis, Gambusia holbrooki, il semble que l'on puisse dire LE ou LA gambusie) est une très proche parente des guppys de nos aquariums.
Elle s'en distingue par sa taille plus importante, et par ses couleurs plus ternes (grisatres à brunatres).
Comme les guppys, elle est ovovivipare, c'est à dire que la femelle donne naissance à des petits poissons completement formés, immédiatement capables de nager et de se nourrir.
Cette particularité limite le nombre d'alevins par portée (une cinquantaine) mais en augmente considérablement le taux de survie. Comme en outre une femelle pond 2 à 6 fois par an et que les jeunes peuvent se reproduire dès l'âge de trois mois, la gambusie est très prolifique.
Le mâle se distingue très facilement de la femelle par sa taille beaucoup plus petite (3 cm pour le mâle, 7 cm pour la femelle) et sa silhouette beaucoup plus élancée.