Lettre adressée à la mairie d'Arzon par Les Amis du Parc du Fogeo - 26 juillet 2011
(lettre envoyée par courrier électronique le 26/07/2011 et par courrier postal en RAR le 2/08/2011)


Les éléments techniques concernant le réaménagement du parc du Fogeo communiqués par Laurent Labeyrie lors de notre réunion du 5 juillet 2011 soulèvent quelques questions complémentaires que nous lui soumettons par courrier.

From: Amis du Fogeo
Sent: Saturday, July 16, 2011 5:03 PM
To: environnement@arzon.fr
Subject: documents concernant le réaménagement du parc du Fogeo

M. Labeyrie, bonjour,

Comme convenu, nous avons mis en ligne (avec "disclaimer") sur le site des "Amis du Parc du Fogeo", http://fogeo.free.fr, la plupart des documents que vous avez bien voulu nous communiquer lors de notre réunion du 5 juillet.
Plusieurs documents ne semblent néanmoins pas avoir été enregistrés sur la clé USB, et notamment les études pédologiques et le document topographique (Autocad). D'avance merci de nous les faire parvenir pour compléter le dossier (les relevés topographiques sont notamment très importants pour apprécier, d'une part la faisabilité du projet hydraulique, et, d'autre part, les risques de submersion).

La lecture de tous les documents que vous nous avez transmis apporte de très précieux éclaircissements sur les aspects techniques du projet et permet d'en mieux comprendre la logique et les implications.
Elle soulève néanmoins encore quelques interrogations et suscite plusieurs remarques :

- les études hydrologiques qui nous ont été transmises n'examinent pas le scénario "arrêt de la station de pompage". Elles tablent sur le curage de l'étang pour augmenter la dénivellation et permettre la création d'un seuil entre les noues et l'étang. Si on arrête le pompage, on peut s'attendre à une remontée du niveau de l'eau dans l'étang (dont l'approfondissement devient dès lors inutile). La remontée du niveau moyen de l'étang, combinée à la création d'une dénivelée entre l'étang et les noues, risque donc d'augmenter sensiblement le niveau de l'eau dans les noues avec des conséquences difficilement prévisibles sans étude complémentaire.
Un simple suivi des évolutions du niveau de l'eau (en fonction des marées et les pluies) pendant quelques jours ou semaines, après arrêt de la pompe d'évacuation de l'eau de l'étang vers l'océan, devrait suffire pour valider (ou invalider) le schéma. Ce test simple a-t-il été réalisé ? Le cas échéant, pouvez-vous nous en transmettre les résultats ?

- De manière surprenante, les études de qualité de l'eau semblent montrer que l'eau entrant dans le parc est très peu polluée, ce qui laisse supposer que la pollution bactérienne enregistrée provient du parc lui-même. L'installation de filtres bioépurateurs en amont des noues en devient superflue.
En outre, le remplacement par un captage d'eau douce, de la recirculation (initialement prévue) de l'eau depuis la nouvelle mare d'eau douce vers les filtres, prive l'eau du parc de la capacité de dépollution du filtre.
Un contrôle strict des sources de pollution à l'intérieur du parc suffira peut-être pour restaurer la qualité des eaux : pour votre info, la photo jointe peut donner des pistes pour la recherche de sources de contamination bactérienne : la réserve à crottin placée à un mètre de l'étang...

- Aucune étude ne semble avoir été réalisée pour démontrer la faisabilité du captage d'eau douce sous le "cône salé" sans affecter la qualité de la nappe phréatique et sans risquer de pomper de l'eau salée.
Les études n'analysent pas non plus la conformité du projet avec la réglementation sur les forages (notamment distance minimale par rapport aux réseaux d'eau usée pour éviter de polluer la nappe phréatique).

- Rien dans les études techniques présentées ne justifie l'abattage de centaines d'arbres. Reeb préconise, la taille (et non l'abattage) des saules, aulnes, prunelliers et peupliers (notamment sur les versants sud) et le retrait partiel (et non total) des espèces trop paysagères (celles introduites en 1998 ?), envahissantes (robinier) ou trop ombrageuses (pin maritime), d'une part afin de rétablir un ensoleillement propice au développement des plantes semi-aquatiques, et d'autre part pour des raisons paysagères (angles de vue sur les noues).
Dans la mesure où l'introduction d'espèces semi-aquatiques dans les noues se justifie essentiellement par des raisons esthétiques (la fonction épuration étant située au niveau des "filtres"), la motivation pour l'abattage des arbres est plus d'ordre paysager que fonctionnel.
Le caractère supposé dangereux de certains arbres (robiniers, pins, peupliers...) n'est d'ailleurs pas évoqué dans l'étude de Reeb.
L'examen de la répartition des essences dans le parc montre qu'on peut probablement éviter d'abattre un grand nombre de pins, chênes, chênes verts, peupliers et aulnes sans remettre en cause l'élargissement des noues et la création d'une mare d'eau douce :
- élargissement de la noue ouest dans sa partie ouest vers le sud et non vers le nord, pour sauver le bois de pins
- conservation des aulnes, chênes et peupliers situés autour de la nouvelle mare d'eau douce
- élargissement de la noue est vers le nord, pour sauver le bois de chênes verts, chênes des marais et pins situé au nord des tennis,
- positionnement des seuils, gués et passerelles sous les endroits boisés, afin de profiter du rétrécissement des noues pour limiter les abattages d'arbres...
Biens que vous vous soyez montré rassurant sur ce point, nous restons très inquiets de l'ampleur de la destruction d'arbres envisagée. C'est clairement l'aspect du projet qui nous préoccupe le plus.

- A part la mise en place d'un tas de bois supposé servir d'abri aux amphibiens, les documents n'indiquent pas les mesures prévues pour la sauvegarde des espèces protégées végétales et surtout animales (tritons palmés, grenouilles agiles, crapauds, chauves-souris, lézards verts, écureuils, oiseaux comme le pivert, le martin-pêcheur, le traquet motteux, l'alouette, la linotte mélodieuse, la mésange charbonnière, les hirondelles, le rouge-gorge, le chardonneret, le pinson ou l'aigrette garzette...) présentes dans le parc et menacées par l'ampleur des bouleversements entrainés par le projet sur leur habitat (curage des noues sur 3 m de large et 30 cm de profondeur, curage de l'étang, déplacement de deux zones humides, suppression de la majorité des arbres, débroussaillement des fourrés littoraux, vaste travaux de terrassement...), notamment pour les espèces inféodées à l'eau ou aux arbres (amphibiens, piverts, écureuils, chauves-souris...).

- Enfin, les documents ne listent pas de manière systématique toutes les autorisations administratives requises pour la réalisation du projet. Pourrait-on en faire un point (autorisations requises, demandées, obtenues) ?

- Par ailleurs, nous joignons comme convenu à ce courrier le mail de l'ODEM mentionnant l'étude qu'ils ont réalisée pour le compte de la mairie d'Arzon. Les conclusions de cette étude nous intéressent bien entendu.

D'avance merci de vos commentaires et compléments sur ces quelques points, et encore merci pour la qualité des documents que vous nous avez déjà communiqués.

Cordialement