Projet de dépose des vases de dragage du Port du Crouesty dans le parc du Fogeo

IDRA Environnement a été chargé d'analyser les sédiments du port du Crouesty et de proposer un projet d'entreposage des vases dans la zone est du parc du Fogeo :

L'étude de IDRA (mai 2011) conclut :
"Les sédiments des échantillons moyens ne peuvent pas être considérés comme des déchets inertes aux vues des teneurs en Hydrocarbures Totaux, en Molybdène, en Chlorures, en Sulfates, en Fluorures, en COT et en Fraction soluble.
Les matériaux sont donc assimilables à des déchets non dangereux, destinés à être stockés en ISDND (Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux) voire ISDD (Installation de Stockage des Déchets Dangereux) si aucune voie de traitement ou de valorisation n’était envisageable."
A titre d'information, la nature et l'origine des sédiments (présence de sel) expliquent les dépassements des seuils d'acceptation en ISDI-ISDND-ISDD pour l'élément Chlorures."

Autrement dit,
- Les sédiments sont trop pollués pour être entreposés dans des décharges pour déchets inertes (ISDI, décharges de classe 3 où sont entreposés notamment les gravas)
- Par contre ils sont jugés "non dangereux, non inertes" par IDRA.

Toutefois, les chiffres présentés dans l'étude montrent que les teneurs en chlorures et en fraction soluble dépassent les critères d'admission des déchets dans les décharges pour déchets non dangereux (ISDND où on stocke les ordures ménagères résiduelles, les refus de tri des collectes sélectives...) et même dans les décharges pour déchets dangereux (ISDD) pour la teneur en chlorures.
Les boues ne peuvent donc être entreposées ni dans les décharges pour déchets inertes (ISDI), ni dans les décharges pour déchets non dangereux (ISDND).
Bizarrement, la composition des boues n'interdit pas leur stockage au sol ou leur immersion en mer. Seule la teneur en cuivre dépasse pour certains échantillons (prélevés à l'est du port, correspondant à 30 000 m3 de vases, jusqu'à 104 mg/kg sec) le critère autorisant l'immersion, et légèrement le critère autorisant le stockage au sol.
La teneur en tributyl-étain (jusqu'à 132 mg/tonne), qui dépassait à certains endroits en 2007 la norme admissible, serait redescendue en dessous en 2010, ne faisant plus obstacle à l'immersion.

Fort de ces conclusions, IDRA propose le stockage, après déshydratation et stabilisation, des 30 000 m3 de boues salées trop polluées au cuivre pour pouvoir être immergées, dans la zone sud-est du parc du Fogeo, et éventuellement en renfort de la dune au sud-ouest du parc.

Ces 30 000 m3 de boues à prélever dans les darses sud et est du port contiennent 13 400 tonnes de matière sèche dans lesquelles on aurait (notre calcul sur la base des données fournies par IDRA) : 300 tonnes d'aluminium, 3 tonnes de zinc, 1 200 kg de cuivre, 600 kg de chrome, 430 kg de plomb, 430 kg de nickel, 250 kg d'arsenic, 8 kg de cadmium, 2 kg de mercure, et 2 kg d'étain (essentiellement sous forme de tributyl étain).
C'est un véritable gisement de métaux lourds qu'on veut créer dans le parc du Fogeo...







Rappelons que la zone choisie pour l'entreposage des boues polluées dans le parc du Fogeo est une zone, actuellement plantée d'ajoncs et de prunelliers qui nous a été présentée comme devant être laissée dans un état naturel (lande), en continuité avec les terrains (dune) gérés par le Conseil Général, une zone propriété du Département et considérée comme un "espace naturel sensible" dans le SCoT !