Quelle n'a pas été la stupéfaction des usagers et riverains du Fogeo, qui respectent scrupuleusement depuis plusieurs dizaines d'années les consignes d'interdiction de piétinement de la dune (qui "abrite une flore d'exception qui maintient la dune"), en voyant, début février 2022, un énorme engin "moissonner" la dune en écrasant tout sur son passage !
La dune du Fogeo est un "Espace Naturel Sensible" géré par le Département, qui abrite plusieurs espèces rares ou protégées.
Nous avons interrogé le Conseil Départemental, qui nous répond verbalement et nous transmet quelques documents administratifs.
La dune qui nous intéresse est la dune dite "grise". C'est la partie de la dune qui est fixée par de la végétation. Elle est séparée de la plage par la "dune blanche", plus mobile et fluctuante, souvent plantée d'
oyats (c'est sur la dune blanche du Fogeo que l'on trouve aussi les
giroflées des dunes, les
liserons des dunes ou les
gaillets des sables).
Constituée essentiellement de sable, c'est un sol très pauvre sur lequel ne peuvent vivre que des plantes spécifiques, ayant peu de besoins en nutriments et en eau, capables de supporter le vent, les embruns et le sable provenant de la mer.
Cet environnemnt difficile n'est généralement supporté que par des végétaux de petite taille.
Au Fogeo, on y trouve surtout des
immortelles des dunes, des
queues de lièvre, des
panicauts, des
raisins de mer, des
aulx des dunes, des
orpins, des
mousses tortule, des
linaires des sables et des
rosiers rugueux (
cliquez ici pour voir toutes ces plantes dunaires).
Il est très important de préserver la dune grise pour deux raisons.
D'abord parce qu'elle fixe la dune en bloquant le sable provenant de la dune blanche ;
Et ensuite parce qu'elle abrite de nombreuses espèces végétales rares qu'on ne trouve pas ailleurs.
Plusieurs menaces planent sur la dune grise :
- la fréquentation humaine, dont le piétinement peut rapidement faire disparaitre la végétation et dont les rejets divers modifient la nature du sol par apport de nutriments ;
- l'envahissement par le sable (extension de la dune blanche si elle n'est pas stabilisée par les plantations d'
oyats) ;
- l'apport de matières organiques (et de graines) en provenance de la zone de fourrés ou d'arbustes qui borde la dune. Voire par l'apport d'eaux chargées en provenance de la zone non dunaire.
La dune du Fogeo est relativement bien protégée contre le piétinement (sauf quelques enclaves dédiées à l'école de voile, à la SNSM ou aux terrains de tennis...).
Le principal problème est l'accumulation de matière organique qui, à certain endroit, transforme le sol sableux en un humus riche où peuvent se développer des plantes non dunaires.
La partie de dune la plus à l'est est une très belle dune grise bien préservée.
Les fourrés et
chênes verts qui la bordent au nord pourraient néanmoins la grignotter.
On y rencontre ponctuellement quelques plantes invasives et notamment des
yuccas.
C'est la partie de la dune située à l'ouest qui est plus préoccupante.
D'une part la dune blanche est très menacée par l'érosion marine, malgré un enrochement du haut de plage (dont l'efficacité n'est pas démontrée).
Et d'autre part, la dune grise est envahie de nombreuses espèces terrestres qui ne menacent les espèces dunaires (on dit que la dune est rudéralisée). Cette dégradation provient probablement d'un enrichissement du sol par des nutriments organiques. Si rien n'est fait, la situation ne peut qu'empirer, la présence d'une végétation "terrestre" accélérant l'apport de nutriments.
Cette situation n'est pas exceptionnelle et de nombreuses dunes littorales françaises sont confrontées au même problème.
Les mesures visant à restaurer les dunes grises dégradées restent aujourd'hui un peu expérimentales, avec des résultats encore incertains.
La solution retenue au Fogeo consiste à faucher la dune de façon à
- éliminer les plantes les plus hautes,
prunelliers, graminées,
vergerettes... (qui sont supposées être les intruses) ;
- et appauvrir le sol en évacuant les végétaux fauchés (pour éviter que leur décomposition ne redonne de la matière organique). On dit qu'on fait une fauche avec exportation (on exporte la matière organique fauchée hors de la dune).
L'opération est compliquée, réservée à des entreprises spécialisées, il faut utiliser des engins spéciaux qui n'écrasent pas la végétation et il faut prendre soin de faucher à la bonne hauteur (pour préserver les petites plantes dunaires).
Il faut répéter l'opération à plusieurs reprises, à quelques années d'intervalle pour compenser les nouveaux apports de matière organique. On peut aussi recourir à l'eco-pâturage pour entretenir la dune, en espérant que les chèvres ou moutons préférerons brouter les plantes indésirables.
Les
lapins, qui prolifèrent cette année sur la dune, peuvent aussi apporter leur contribution.
La technique est efficace pour éliminer les fourrés et arbustes. Il n'est toutefois pas certain qu'elle permette de restaurer la flore dunaire.
Elle est plus souvent utilisée dans le cas de landes dégradées, comme cela a été fait sur certaines portions de landes du Petit Mont.
Début février 2022, une partie de la dune de Kerjouanno a été fauchée. Etrangement, quelques buissons et
chênes verts ont été préservés.
photo E.T.
Quelques mois plus tard (fin juin), on constate que les
panicauts, les
queues de lièvre, les
raisins de mer, les
aulx des dunes et les
orpins ont bien résisté à l'opération et cohabitent avec de petites graminées non dunaires, ce qui est plutôt encourageant.
Les documents administratifs régissant la gestion de la dune.
Le Conseil Départemental nous a communiqué un certain nombre de documents administratifs relatifs à la gestion des Dunes de Kerjouanno (et des Landes du Petit Mont).
Ces documents permettent de mieux comprendre la logique qui sous-tend le mode de gestion de ces Espaces Naturels Sensibles.
On peut toutefois regretter l'absence de document récent concernant les Dunes du Fogeo :
• Le "plan de gestion", qui date de juillet 2010, est périmé depuis plusieurs années ;
• La
dernière "étude naturaliste" a été réalisée en 2009 par le bureau d’études TBM, alors que le Schéma Départemental des Espaces naturels Sensibles prévoit que le Département « réalise régulièrement des inventaires complets d’espèces et d’habitats sur les ENS à forte valeur patrimoniale » dont fait partie de l’ENS « dune de Kerjouanno » ; et préconise de « pourvoir chacun des ENS d’un diagnostic approfondi »... Et que le plan de gestion préconise la mise en place d'un suivi annuel de la faune et de la flore.
Les récents travaux de fauchage de la dune de Kerjouanno ne s'appuient donc sur aucun document valide pour préciser les directives du Schéma Départemental des Espaces Naturels Sensibles.
En outre, ils ne sont pas conformes aux recommandations du Plan de Gestion (périmé) qui préconisait une fauche manuelle (et non mécanique) précédée d'un essai expérimental afin de valider l’efficacité de la technique.
Ces remarques ne nous semblent toutefois pas remettre en cause le bien-fondé du mode de gestion retenu.
Les espaces dunaires propriétés du Département du Morbihan sont gérés dans le cadre du "
Schéma Départemental des Espaces Naturels Sensibles" (2013-2022), qui vise notamment à préserver les milieux sensibles tout en y gérant l'accès du public.
Les Dunes de Kerjouanno (7,9 ha) et le Petit Mont (26 ha) y font partie des 98 (en 2012) Espaces Naturels Majeurs propriétés du département.
L'un des plans d'actions (Plan d’actions 4.10) y concerne la "conservation du bon état des milieux dunaires" avec
• comme objectifs :
- Poursuivre l’amélioration des connaissances naturalistes des milieux dunaires présents
sur les ENS.
· Mieux connaitre la fréquentation de ces ENS, pour mieux les protéger.
· Restaurer et maintenir en bon état de conservation les milieux dunaires présents sur les
ENS.
· Protéger les espèces végétales et animales emblématiques des milieux dunaires
(Cynoglosse des dunes, Liparis de Loesel, Spiranthe d’été, Gravelot à collier interrompu,
Oedicnème criard, Traquet motteux, Crapaud calamite, etc.).
· Sensibiliser les publics sur l’importance de ce patrimoine naturel.
• et comme actions :
- Soutenir et engager des programmes d’études naturalistes portant sur la faune et la flore
des milieux dunaires des ENS.
· Soutenir des programmes d’étude portant sur la fréquentation touristique des ENS.
· Poursuivre les aménagements permettant de diminuer l’impact des activités de loisirs et
les opérations lourdes de restauration de milieux fortement dégradés (résorption des
décharges sauvages).
· Mener des opérations de sauvegarde des espèces à fort enjeu patrimonial.
· Engager des actions de sensibilisation et communication auprès du public estival
fréquentant les plages.
Un autre plan d'action (Plan d’actions 4.3) vise à "optimiser les modes de gestion des milieux ouverts" :
CONSTAT
Les milieux ouverts, comme les landes et prairies, qu’elles soient oligotrophes ou mésotrophes,
sèches ou humides, participent à la diversité des habitats naturels et à la mosaïque des paysages.
Ce maintien du caractère ouvert nécessite des interventions fréquentes afin d’éviter l’enfrichement puis le boisement généralisé entrainant in-fine une perte de biodiversité ; ces interventions sont la plupart du temps mécanisées.
Indépendamment de tout objectif de production, des agriculteurs, des apiculteurs, des particuliers, des associations peuvent être intéressés pour avoir l’usage de ces milieux soit pour du fauchage, soit pour du pâturage pour leurs animaux (bovins, ovins et équins) ; cet usage est aujourd’hui peu développé sur les sites ENS...
OBJECTIFS
· Rechercher un mode de gestion durable et économe des ENS, abritant des milieux
ouverts.
· Développer un partenariat avec le monde agricole compatible avec le maintien de la
biodiversité.
· Mieux intégrer les acteurs locaux à l’entretien des milieux naturels ouverts.
· Sensibiliser le public aux conséquences de la déprise agricole.
· Diminuer les dépenses d’entretien des sites tant en termes de coût financier que de coût
carbone.
ACTIONS
· Etablir un mode de conventionnement satisfaisant pour chacune des parties juridiquement
fiable, tout en intégrant des prescriptions de nature écologique.
· Engager une démarche expérimentale, avec suivis et évaluation scientifique et financière,
visant à définir le scénario optimal de gestion par pâturage, et sur un choix de sites les
plus appropriés.
Le Plan d’actions 4.5 vise à "poursuivre la restauration des habitats prioritaires dégradés" :
CONSTAT
Parmi les habitats naturels présents dans le département, certains se caractérisent par leur rareté à l’échelle régionale ou nationale ; pour ces habitats, le département porte donc une responsabilité
particulière. Il s’agit notamment des marais littoraux, des dunes, des falaises et pelouses
associées, de certaines landes, des prairies oligotrophes et des tourbières (exemples : marais du golfe du Morbihan, dunes d’Erdeven, Pointes du Talut, de Donnant et de Kerdonis à Belle-Ile-en-
Mer, Petit Mont à Arzon, tourbières de Ker Sainte-Anne à Langonnet, etc.).
Leur état de conservation est parfois mauvais en raison des atteintes ou menaces pesant sur eux.
L’origine des dégradations peut être multiple : surfréquentation, remblaiement, drainage, pollution, plantes invasives, fragmentation, etc.
OBJECTIFS
· Identifier les habitats naturels prioritaires présents au sein des ENS.
· Restaurer ces habitats naturels prioritaires afin d’aboutir à un bon état de conservation.
ACTIONS
· Engager une étude d’ensemble visant à identifier les habitats considérés comme prioritaires
pour le département et à inventorier leur présence et leur état de conservation au sein des
ENS.
· Hiérarchiser les priorités d’intervention en prenant en compte la rareté de l’habitat, son état
de conservation, le degré de réversibilité de la dégradation, le coût des interventions, etc.
· Etablir un programme pluriannuel d’interventions utilisant les méthodes les plus adaptées :
restauration passive visant à la suppression du facteur de dégradation, ou restauration
active nécessitant des moyens techniques plus lourds.
Chaque Espaces naturels Sensibles (ENS) appartenant au Département est sensé faire l'objet d'un "Plan de Gestion".
Le dernier
Plan de Gestion de la Dune du Fogeo est hélas périmé depuis plusieurs années.
La situation de la dune ayant peu évolué depuis son élaboration, il apporte néanmoins d'intéressantes informations :
La dune orientée est-ouest présente un relief évoluant de l’est vers l’ouest sur une longueur d’environ 1 km.
D’un profil de dune blanche plantée d'oyats sur une pente constante à l’est, la dune évolue vers une dune blanche plus ou moins érodée, allant jusqu'à disparaître à l’extrémité ouest. La zone érodée est marquée par la présence d’enrochements en pied de dune.
La dune grise présente quant à elle une surface constante sur une étendue plus ou moins large
de l’est (environ 200m) vers l’ouest (environ 50 m)...
Un inventaire des habitats naturels de la dune du Fogeo a été réalisé par le bureau d’études TBM dans la cadre de l’étude Plan de territoire en 2009.
La dune grise y est décomposée en quatre habitats différents :
- Les "dunes grises des côtes atlantiques" représentent 33% de l'ENS.
Ce type d’habitat est potentiellement menacé par :
- l’eutrophisation liée à la fréquentation,
- le saupoudrage sableux éolien lié à une trop grande dégradation des ceintures de
végétation de la dune bordière, entraînant une asphyxie de la dune fixée,
- la destruction des habitats dunaires par les remblaiements, décharges ou dans le cadre
d’aménagements touristiques ou portuaires, de l’urbanisation littorale...
- Les "dunes grises des côtes atlantiques rudéralisées" (dunes grises dégradées) représentent 28% de l'ENS ;
- Les "dunes grises avec fourrés" (
argousiers) représentent 1% de l'ENS ;
- Les "dunes grises avec ourlet à
fougère aigle" représentent 0,3% de l'ENS.
L'argousier a vraisemblablement été introduit par l’homme. Sa limite sud de répartition
naturelle théorique est le Finistère.
Des espèces invasives sont observées. Le baccharis et le robinier faux-acacia sont présents essentiellement en arrière-dune, dans la zone de loisir.
Le yucca, quant à lui, se trouve plutôt en front de dune...
...Le site dunaire du Fogeo est géré afin de préserver les milieux naturels.
Les éléments de gestion se composent :
- de cheminements pour canaliser le passage des visiteurs. Ces cheminements sont
marqués par des clôtures monofil, bi-fil, etc.
- de ganivelles en front de dune,
- d'enrochements en pied de dune.
Parmi les objectifs à long terme du plan, on note "conserver, maintenir en bon état de conservation ou restaurer le milieu dunaire" :
Extrêmement fragile et en particulier sensible à la fréquentation humaine, il est nécessaire de mettre en place des actions de restauration et d’entretien sur ce milieu dunaire qui comporte
une large part d’habitats Natura 2000. Cette juxtaposition de milieux variés permet d’obtenir
dans un espace restreint une succession d’habitats particulièrement intéressants et favorables
au développement d’espèces floristiques et faunistiques.
Cet objectif se décline en trois objectifs opérationnels :
- Maintenir la diversité floristique et faunistique
- Maîtriser la circulation humaine
- Mettre en place des programmes de restauration et de gestion pour lutter contre les
problèmes d’érosion.
Et parmi les actions prévues :
OPERATION SE1 : Réalisation d’un suivi et d’une cartographie des habitats naturels et de la végétation
...L’objectif est de pouvoir analyser l’évolution du
site et de valider ou le cas échéant améliorer les
actions mises en oeuvre.
Actions à mettre en oeuvre...
- Suivi annuel de la flore et des habitats naturels (codification Eur 27) à réaliser durant
la période mai-juin
- Localisation des plantes et des limites des habitats à l’aide d’un GPS
- Intégration des données dans une base SIG
- Réalisation d’une cartographie à partir de ces données
- Rédaction d’un rapport présentant :
. la surface de chaque habitat en hectare ,
. taux de recouvrement de chaque habitat par rapport à la surface de l’ENS,
. nombre de pieds de plantes protégées ou patrimoniales.
- Réalisation d’un tableau d’évolution du milieu
OPERATION SE2 : Mise en place un suivi de la faune
OPERATION TU1 : Gestion de la végétation côté ouest pour favoriser la biodiversité du secteur dunaire ...
Constat
Le secteur ouest de la dune du Fogeo est composé essentiellement de dunes grises
rudéralisées. Cette rudéralisation entraîne progressivement une fermeture du milieu et une
disparition de la dune grise (habitat prioritaire d’intérêt européen- code 2130).
Actions à mettre en oeuvre
- Entretien de la dune
Fauche manuelle ou arrachage des espèces rudérales en automne/hiver avec
l’exportation des produits de coupe vers une décheterie.
Cette fauche/arrachage, peut, dans un premier temps faire l’objet d’un essai
expérimental afin de valider l’efficacité de la technique.
- Suivi
Effectuer un suivi des zones traitées en début de saison floristique (mai-juin)
- Surface à traiter : 2,23 ha environ
OPERATION TE1 : Lutte contre les espèces invasives
Constat
Le secteur du Fogeo (parc + dune) est marqué
par la présence de plusieurs types d’espèces
invasives : Baccharis, Yucca, Griffe de sorcière.
L’objectif est de détruire les pieds existants sur
la dune actuellement et d’éviter la colonisation
de ces espèces susceptibles de limiter l’expansion de la flore environnante.
- Yucca : Arrachage manuel des pieds dans la période octobre-novembre
- Mise en place d’une campagne d’informations auprès des résidents à proximité de la
dune en particulier en ce qui concerne la griffe de sorcière (localisée au pied des
habitations) et des autres espèces
- Suivi permanent sur l’ensemble de la dune de la non-prolifération d’espèces invasives
L'
Accord Cadre "Espaces Naturels Sensibles / Randonnées - Travaux en Milieux Naturels et en Sentiers de Randonnée" est un Marché Public de Travaux à Bons de Commande émis début 2019 par le Département du Morbihan, qui définit les conditions dans lesquelles sont effectués les travaux dans les Espaces Naturels Sensibles (ENS) du Morbihan par des prestataires externes.
L'exécution est déclenchée au coup par coup par émission de bons de commande.
La durée du contrat est de 4 ans.
L'accord est divisé en 7 lots avec notamment
- Lot 1, ENS - Travaux de génie écologique :
Débroussaillage, broyage, abattage, clôtures, exportation, tracteur, etc.
- Lot 4, ENS - Ecopaturage :
Pâturage, ovins, caprins, bovins
- Lot 7, ENS - Travaux d'ouverture des milieux naturels :
Broyage, gyrobroyage, exportation, etc.
Le CCTP définit notamment la nature des engins utilisables dans les ENS :
Le matériel proposé par l’entrepreneur devra être adapté à la situation de chaque milieu et sera validé par le maître d’œuvre. Ces équipements seront portés ou tractés par des tracteurs légers, articulés, à roues motrices de dimensions égales supportant des pneus larges, basse pression ou chenilles larges ou caoutchoutées. Le tracteur doit être muni d'une barre d'envol afin de préserver la faune vertébrée.
Ces engins devront répondre à deux impératifs : faible pression au sol et capacité à enlever de la matière organique (stockage sur l’engin de coupe).
- Les engins utilisés devront permettre d’assurer prioritairement :
. des travaux avec exportation dans le cadre de chantier d’entretien (avec ou sans contraintes environnementales) en un minimum de passage pour préserver le sol.
. Une aide mécanique à des interventions manuelles avec exportation dans le cadre de chantier de restauration...
- Les engins proposés devront présenter une fiche technique la plus vertueuse possible,
- Réduction de l’impact sur le milieu : les engins seront présentés afin de mettre en valeur la réduction maximale des conséquences de leur passage sur les terrains sensibles...
- La hauteur de coupe doit pouvoir être réglable (entre 0 et 30 cm) suivant les prescriptions du Maître d’ouvrage ou son représentant...
- Possibilité d’évacuer les résidus hors site.
Le CCTP définit également les conditions d'écopaturage :
L’éco-pâturage consiste en une gestion des milieux naturels par pâturage extensif permettant d’exercer une pression adaptée sur le milieu tout en limitant le retour de la végétation haute.
Cette méthode alternative est complémentaire à l’entretien mécanique des espaces naturels.
...La restauration et l’entretien des landes et fourrés sur les pointes rocheuses peuvent s’effectuer tout au long de l’année selon des périodes et des durées définies par le maître d’oeuvre.
L’entretien des prairies mésophiles et hygrophiles s’effectuera de préférence entre les mois de mars et octobre.
L'accord cadre s'est matérialisé ces dernières années pour la dune du Fogeo par l'émission de
bons de commande adressés à l'entreprise
Dervenn Travaux & Aménagements, localisée à Betton (35) et spécialisée dans les études et travaux en génie écologique.
En mai-juin 2020, l'entreprise a procédé au débroussaillage manuel de 188 m2 et consacré trois jours à l'arrachage mécanisé de plantes invasives.
En mai-juin 2021, elle a procédé au débroussaillage manuel de 346 m2 et consacré une journée à l'arrachage manuel de plantes invasives.
Et début 2022, elle a réalisé des travaux de "fauche en milieu sensible" avec export sur 1,2 hectares (partie de dune située au sud de la thalasso) et consacré deux journée à l'arrachage manuel de plantes invasives (
chênes verts et
yuccas).
Enfin, le Conseil Départemental nous a communiqué deux intéressants documents concernant l'efficacité des opérations de fauchage sur les landes du Petit Mont :
-
Petit Mont (Arzon) : Etat des lieux de la flore et des habitats naturels et semi-naturels (résultats d’inventaire et compte-rendu d’expertise, 2011) ;
- et
gestion du site du Petit Mont (commune d’Arzon) : Appréciation de la fauche/gyrobroyage sur les secteurs landicoles (2013).
Il ne s'agit pas là de dunes, les végétaux sont différents, mais la stratégie de gestion est similaire.
...Le site peut être divisé en deux parties :
- le secteur est et nord-est correspondant à une vaste zone, peu diversifiée, de fourrés
denses à Prunelliers, Aubépines et Chênes.
- les secteurs ouest et sud abritant une mosaïque d’habitats d’intérêts communautaires
dont de très belles pelouses littorales et landes sèches.
Si les secteurs ouest et sud correspondent aux zones de forte biodiversité, ils sont actuellement en voie d’embroussaillement. De nombreux secteurs de landes et de pelouses littorales sont menacés par le développement des ronces, ajoncs d’Europe et prunelliers.
En 2010, le Conseil Général a fait réaliser des tests de fauche / gyrobroyage sur deux secteurs landicoles fortement embroussaillés à l'ouest du cairn du Petit Mont.
En 2011,
plusieurs zones de fourrés débroussaillés s’observent dans le site. Les résultats semblent visuellement plutôt positifs avec l’observation d’espèces landicoles comme les bruyères.
Fort de ces résultats encourageants, le Département a largement étendu en 2012-2013 la zone de gestion à l'ouest du cairn, une partie en fauche avec exportation et une autre par fauche rotative (gyrobroyage).
En juin 2013, les résultats de ces tests sont contrastés.
- Sur le secteur 1, fourrés denses à
prunelliers et
ajoncs d’Europe,
le potentiel de restauration de la lande est faible.
- Sur le secteur 2, lande sèche de hauteur rase à moyenne en mosaïque avec des pelouses
landicoles, sur sol peu profond, la fauche avec exportation a donné de très bons résultats, conduisant à des landes sèches à Arenaria montana, pelouses sèches (Sedum anglicum, Aira
caryophyllea, Orchis morio, Radiola linoides) et ourlets thermophiles à Brachypodium pinnatum.
Cette zone représente un fort enjeu de conservation avec la présence d’espèces remarquables (Arenaria montana) et de restauration de landes sèches et pelouses landicoles (pelouse vivace à Orpins, prairie à Brachypode penné).
- Sur le secteur 3, lande sèche haute en voie d’embroussaillement avec notamment la présence de
ronces, le gyrobroyage a donné de très bons résultats, conduisant à des
landes sèches à Bruyère cendrée (Erica cinerea) et Ajonc d’Europe (Ulex europaeus).
Les bons résultats obtenus dans les secteurs 2 et 3 ont conduit le Département à étendre ce mode de gestion en 2014 à d'autres secteurs similaires.
Le parc du Fogeo est situé sur le territoire de la commune d'Arzon (Morbihan)