Végétalisation du réseau d'eau saumâtre
du Parc du Fogeo en Arzon - juillet 2019


Les noues et bassins d'eau saumâtre creusés à l'automne 2016 dans le cadre de la phase 2 de réaménagement du parc du Fogeo ont enfin été replantés à la suite de l'appel d'offres publié en novembre 2018.
La végétalisation entreprise au printemps 2019 concerne la partie modifiée de l'étang d'eau saumâtre (agrandissement vers l'ouest, création d'une petite île), le nouveau bassin créé près du parking du Fogeo, le petit bassin au sud-est de l'hélistation de la thalasso et les noues reliant ces bassins.

Conformément à l'appel d'offres, l'essentiel des végétaux introduits sont des plantes hélophytes (plantes semi-aquatiques vivant les pieds dans l'eau).

 Les seules plantes totalement immergées visibles sont des plantes flottantes en forme de filaments ramifiés verts ou jaunâtre (probablement ruppia ou zannichellia) qui ont colonisé une très grande part des étangs et noues.
Leur aspect peu engageant n'est pas un signe de mauvaise santé des eaux.




Les plantes semi-aquatiques sont plus variées. La liste des espèces introduites n'est pas conforme à l'appel d'offres, mais c'est plutôt mieux (plus de plantes des milieux humides).


 Le roseau (Phragmites australis) est facilement reconnaissable à ses longues tiges (il peut atteindre 4 mètres de haut) sur lesquelles s'étagent des feuilles allongées et pointues fixées presque perpendiculairement à la tige, et au plumeau brun-violet qui lui sert de fleur à la fin de l'été.
Il fait partie de la famille des poaceae (graminées), comme les céréales.
Il supporte bien l'eau saumâtre et peut devenir envahissant.
phragmite au Fogeo





 la spartine maritime (Spartina maritima) fait aussi partie de la famille des poaceae.
Elle est beaucoup plus petite que les roseaux, ne dépassant pas 60 centimètres.
Ses feuilles vert sombre, allongées et pointues, sont étagées le long de la tige, mais ne dépassent pas 8 centimètre pour une largeur de 3 à 6 centimètre.
Contrairement au roseau, elles s'écartent assez peu de la tige, et elles sont enroulées sur elles-même autour de leur nervure centrale.
C'est une vraie espèce marine, qui supporte bien l'eau salée.
Elle est menacée en France par le développement d'une cousine invasive, Spartina anglica.
spartine maritime au Fogeo



 L'iris des marais (iris pseudacorus) et les massettes (Typha latifolia) ne sont pas de la même famille, le premier fait partie des iridacées et le second des typhaceae.

Et pourtant, ils se ressemblent terriblement, au moins pour les jeunes plants :
- ils partagent le même habitat, les pieds dans l'eau douce ou saumâtre
- leurs feuilles très longues (jusqu'à 2 mètres pour les massettes, 1 mètre pour les iris), charnues et larges (jusqu'à 4 cm pour les massettes, 3 pour les iris), partent du rhyzome et sont imbriquées les unes dans les autres en deux rangs opposés dans un même plan, pour former un ensemble applati.
Outre la taille, on peut tenter de les distinguer par la section des feuilles, en forme de losange très aplati pour l'iris (nervure centrale légèrement saillante) et bombée vers l'extérieur pour la massette, et par la forme et couleur de la base des tiges, applatie et mauve pour l'iris et ronde et blanche pour la massette.
Pour compliquer, il existe une espèce de massette plus petite, thypha angustifolia, dont les feuilles sont plus étroites.

Par contre, la distinction entre iris et massettes devient très facile à la floraison, la grande fleur jaune de l'iris n'ayant aucun rapport avec l'épi en forme de quenouille de la massette.

iris au Fogeo massettes au Fogeo



 Le rubanier d'eau (rubanier dressé, Sparganium erectum) fait partie de la même famille que les massettes (typhacées).
Plus petit, 50 cm à 1 mètre, il a des feuilles emboitées les unes dans les autres comme l'iris ou les massettes, mais ses feuilles sont plus étroites (10-15 mm), la nervure centrale ressort nettement sur la face extérieure (inférieure) des feuilles dont la section est triangulaire à la base.
La fleur et les fruits sont très caractéristiques, sphériques et hérissés de pointes.
rubanier au Fogeo



 Le Scirpe maritime (Bolboschoenus maritimus) fait partie de la famille des cyparacées (comme les laiches).
Ses feuilles sont longues (30 cm à 1 mètre) et fines, pliés en deux longitudinalement le long de la nervure.
Sa tige triangulaire porte un petit groupe d'épis bruns allongés agrémenté de deux ou trois petites feuilles (bractées). Ses épis ressemblent à ceux des joncs.

scirpe maritime au Fogeo (1) scirpe maritime au Fogeo (2)



 Les joncs (Juncus) sont des plantes des milieux humides dont les fines tiges cylindriques forment des touffes denses. Il en existe un très grand nombre de variétés.
Les plus spécialisés dans les environnements salés sont le jonc maritime, le jonc piquant et le jonc de Gérard.

scirpe maritime au Fogeo (1) scirpe maritime au Fogeo (2)
scirpe maritime au Fogeo (3) scirpe maritime au Fogeo (4)

- Les feuilles du jonc maritime (Juncus maritimus), mesurant entre 50 cm et 1 mètre, sont dressées, cylindriques, raides et piquantes. Les tiges porteuses de fleurs sont prolongées par une bractée piquante qui dépasse les fleurs.
- Le jonc piquant (Juncus acutus) est assez proche, de taille similaire, également avec des tiges, feuilles et bractées piquantes.
Ses inflorescences sont plus resserrées que celle du jonc maritime.
- Le jonc de Gérard (Juncus gerardi) est beaucoup plus petit, généralement moins de 30 cm de haut. Ses tiges grèles portent une feuille au milieu et plusieurs paquets de boules noires (glomérules) caractéristiques.


Enfin, sur les berges, on trouve diverses plantes halophiles (halophytes) qui affectionnent les milieux salés :


 Les salicornes ont un peu l'aspect d'une plante grasse avec leurs rameaux sans feuille, constitués de petits tronçons cylindriques reliés entre eux.
Dépassant rarement 20 cm de haut, elles ne poussent que sur des sols salés (prés salés, marais salants).
Elles sont connues pour leur usage alimentaire (confites dans le vinaigre comme des cornichons ou cultes comme des haricots verts).


salicorne au Fogeo (1) salicorne au Fogeo (2)



 L'obione (faux-pourpier, Halimione portulacoides) est une plante spécifique des milieux salés.

obione au Fogeo (1)

On la reconnait à sa taille modeste (50 cm de haut) et à ses nombreuses petites feuilles ovales de couleur gris bleuté, sans nervure apparente, pointées vers le ciel.
Comestible, elle est parfois consommée en salade, voire cuite en chips.

L'obione est fragile, très sensible au piétinement. Les jeunes plants introduits au printemps 2019 le long des berges saumatres du Fogeo ont été protégés par des barrières en bois.
obione au Fogeo (2)



 La lagure ovale (queue de lièvre, Lagurus ovatus), est plutôt une plante dunaire.
C'est une petite graminée (poaceae) qui ne dépasse pas 50 cm de haut.
On la reconnait à ses nombreux épillets duveteux ovoïdes blanc argenté.
On en trouve beaucoup sur les dunes du Fogeo.
queue de lièvre au Fogeo



 Quelques saules ont en outre été plantés le long de la noue d'eau saumâtre, probablement des saules roux (Salix atrocinerea, saule à feuilles d'olivier), espèce de petite taille qui supporte un milieu un peu salé.

saules au Fogeo


L'appel d'offres publié en novembre 2018 (cliquez) mentionnait en outre plusieurs autres espèces comme des plantes à fleurs (silène maritime, armérie maritime, oeillet des sables, liseron argenté, lavande de mer), des plantes pour la dépollution (sagittaire, renoncule flamette) et un arbuste des milieux salins (arroche de mer).

Si on n'a pas encore repéré ces espèces, on note par contre plusieurs foyers de développement de la vergerette du Canada (Conyza canadensis), espèce invasive (photo).

Le parc du Fogeo est situé sur le territoire de la commune d'Arzon (Morbihan)